Les échos #7-2025
Une colle cette semaine : qui de l’œuf ou de la poule fait l’omelette ? Mais ce n’est pas tout, dans les échos de ce jour il y a de la grande Histoire, celle du passé et celle en train s’écrire aujourd’hui avec d’étranges tournants, des histoires d’hommes et celle d’une possible révolution à venir : des plantes qui poussent sans photosynthèse…
Visuel : copyright Yann Kerveno
Le grand balancier de l’histoire s’impose parfois en collisions surprenantes dans l’actualité. L’autre jour un papier suscité par la sortie d’un livre consacré à des héros méconnus de la Seconde Guerre mondiale qui refusèrent de manger les graines et tubercules d’une collection botanique pendant le siège de Leningrad. Mangeant du cuir bouilli, se battant contre l’appétit des rats, contre les débuts d’incendies provoqués par les bombes… Leur sacrifice permit de sauver 210 000 spécimens sur les 250 000 que contenait la banque végétale… « C’était impossible de manger le travail de notre vie, le travail de la vie de nos collègues » déclara l’un des chercheurs au sortir de la guerre.
À côté de cela, cette annonce qui ouvre une porte étrange, il pourrait être possible de faire pousser des plantes sans photosynthèse grâce à de l’électricité… Avec un rendement de 4 % soit 4 fois celui de la lumière du soleil. Les chercheurs sont déjà parvenus, en labo, à faire pousser des algues, les levures et des champignons dans l’obscurité. De quoi répondre à l’un des principales contraintes de l’agriculture verticale, la consommation énergétique liée à la lumière nécessaire… Nous assistons peut-être à la naissance de ce qu’ils ont appelé : l’électro-agriculture. Reste maintenant à gérer le changement d’échelle.
Le changement d’échelle, les fabricants de tracteurs y sont passés au XXe siècle, avec plus ou moins de réussite. Alors même si vous n’êtes pas fans de tracteurs et de machines en tout genre, faites un tour sur cette histoire, celle de Théo Brown, dont les travaux ont marqué John Deere de son empreinte au milieu du siècle dernier. Puisque nous sommes aux États-Unis, restons-y pour partager les inquiétudes des agriculteurs, notamment en Californie, qui craignent de voir la main-d’œuvre se tarir avec la politique anti-immigration de la nouvelle administration. La main-d’œuvre immigrée compte pour près d’un quart de la main-d’œuvre totale dans le pays et contribue pour 80 milliards de dollars aux impôts par an. Selon la nouvelle administration, l’agriculture n’est en rien visée puisque seul 1 % de la main-d’œuvre agricole serait sans papier. Mais tout le secteur appelle à une réforme du système.
La revue Nature s’est pour sa part penchée sur l’impact que pourrait avoir la confirmation au poste de secrétaire d’État à la santé de R.F. Kennedy Jr et s’inquiète du « break » demandé sur la recherche sur les vaccins… Pendant ce temps-là, le ministère américain de l’agriculture a mis à la porte, par erreur, des employés affectés à la gestion de la crise du H5N1. Et essaye d’annuler cette décision depuis le milieu de la semaine. D’ailleurs, il est probable que sur ce sujet la doctrine du dépeuplement des élevages dans les zones concernées évolue dans le pays au profit d’une stratégie basée « sur la biosécurité et les médicaments ». Raison de cette volte-face ? La pénurie d’œufs qui fait grimper les prix. Un peu comme en Australie où les œufs sont devenus fort rares…
L’occasion de tordre le cou au vieux dicton qui veut qu’on ne fasse pas d’omelette sans casser des œufs ?
Lire aussi