Publié le 3 novembre 2023 |
0Les échos #33-2023
Un peu en avance, par la conjonction du changement d’heure et de la poussée du vent, les Échos du jeudi 2 octobre 2023, entre consolidation, larcins huileux, vieilles semences, jardins d’Eden potentiel, de quoi s’aérer les neurones aussi sûrement qu’en allant voir la mer à la Pointe du Raz. (Ne faites pas ça c’est dangereux pendant les tempêtes). Bonne lecture.
Avis de tempête
Alors non, les tempêtes, comme Ciaran qui vient de balayer le nord de la France ne profitent pas du réchauffement climatique pour jouer des gros bras. C’est ce qu’expliquait Christophe Cassou sur X (ex Twitter) avant l’arrivée de la tempête sur les côtes bretonnes. Mais si le changement climatique n’a pas d’effet sur « la fréquence, l’intensité, la trajectoire des tempêtes », leur impact est potentiellement plus important, en particulier dans les zones côtières à cause des pluies et des submersions plus fortes parce que le niveau de la mer est plus élevé.
L’huile d’olive sous pression
Maintenant que nous sommes recoiffés, si nous mangions un morceau pour nous remettre de nos émotions ventées ? D’ailleurs, on privilégiera le beurre — au diable la diète méditerranéenne ! — plutôt que l’huile d’olive dont les prix flambent +153 % en deux ans en Espagne. Au point qu’elle devient objet de larcins en Espagne, et pas seulement une bouteille par-ci ou par-là dans une supérette de campagne. En septembre dernier, ce sont 57 000 litres qui ont été pompés dans des cuves. Obligeant les producteurs à déployer de nouveaux moyens de protection et de surveillance nous raconte Mathieu de Taillac… Après la mafia de la tomate en Italie, celle de l’huile d’olive en Espagne ?
Viande de synthèse…
Cela dit, il n’est pas conseillé d’aller se faire cuire un steak avec du beurre, fût-il en viande de synthèse dont le secteur connaît un petit coup de déprime (euphémisme). Les investisseurs, si généreux au tournant de la décennie, lèvent le pied aujourd’hui, alors que seuls deux pays, Singapour et les États-Unis, ont accepté la commercialisation de quelques-unes de ces inventions sur leur sol. Les analystes de la chose, interrogés par Just Food, estiment qu’après les faillites de ces derniers mois est maintenant venu le temps de la consolidation, jusqu’à atteindre les points d’inflexion possible du marché : un prix égal à celui de la viande issue d’animaux vivants et l’adoption massive par les consommateurs.
…et succédanés végétaux à la peine
C’est un peu ce qu’expérimente, avec quelques mois d’avance, le secteur des succédanés végétaux en proie lui aussi à une profonde crise existentielle. Les causes ? Elles sont deux selon Bloomberg qui a jeté un œil dans la marmite : l’inflation qui contraint les consommateurs à revenir sur des produits de base, et la perte d’intérêt des investisseurs ne voyant pas revenir, au moins assez vite, la poule aux œufs d’or qu’ils avaient fantasmée.
Préserver les anciennes variétés ?
À l’autre bout du spectre, et dans le Guardian, Chris Smith s’agace de tous les efforts que l’on fait pour préserver les variétés anciennes de plantes. Non pas que cela ne présente pas d’intérêt selon lui (nous avions consacré un dossier de Sesame à cette question), mais il estime que la notion patrimoniale nous empêche de changer de point de vue, de voir plus loin en considérant les variétés comme figées dans le temps et l’espace. Il y voit un handicap, en particulier quand il s’agit de nous adapter à la brutalité du changement climatique. Nulle question d’OGM ou de CRISPR-Cas9 là-dedans, c’est juste une vivifiante réflexion dans l’absolu. Mais en Allemagne, ce sont les balcons et les jardins qui pourraient se révéler des conservatoires improvisés.
« Croyances de luxe » et écologie
Parlant de réflexion dans l’absolu, vous avez entendu parler des « croyances de luxe » ? Elles sont, selon le psychologue Maxence Carsana l’apanage d’une frange aisée de la société qui peut « professer des idées sans avoir à en subir les conséquences. » Dont l’écologie, dit-il. Et l’on apprend dans Reporterre, le média de l’écologie, là aussi à l’autre bout du spectre, que si les classes populaires qui vivent en milieu rural ne se disent pas écologistes, leur mode de vie l’est, parfois contraint et forcé.
Photo d’illustration : Chemin de traverse du Gers © yann kerveno – octobre 2023