Sciences et société, alimentation, mondes agricoles et environnement


Les échos & le fil

Publié le 8 novembre 2019 |

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Les échos #33-2019

Quand on parle changement climatique, les Australiens tendent une oreille attentive. Et pour cause, l’île fait partie des régions du monde où l’impact est déjà fortement ressenti, entre inondations exceptionnelles, immense sécheresse et incendies. Les vignerons du pays, dont les produits connaissent un développement très rapide grâce au marché chinois, essayent de prendre un peu d’avance et, comme nous le faisons, ils regardent du côté des Vitis vinifera méditerranéens. Un programme de recherche a même identifié 52 candidats dont les qualités agronomiques collent avec les conditions pédoclimatiques des vignobles et six d’entre eux ont même été classés « prometteurs. »


Aux États-Unis, le New York Times estime que c’est la Napa Valley qui est aujourd’hui le vignoble exposé le plus dangereusement exposé aux effets du changement climatique pendant que ce sont les vignes voisines de Sonoma qui subissent le feu jusqu’ici le plus important de l’année, Le Kincade fire avec près de 32 000 hectares ravagés et des travailleurs du monde agricole en première ligne. Quant à certains grands crus de Bordeaux, ils peuvent aussi se faire du souci si l’on en croit cette carte qui met en évidence les zones menacées par la montée des eaux. En Afrique du sud, la question de l’agriculture paraît presque dérisoire tant la problématique de l’eau y est cruciale. Les ruptures d’approvisionnement des villes y deviennent courantes, faute de ressources. Pendant ce temps, dans le nord de la France, il est parfois tombé plus de 300 mm depuis septembre, mettant les récoltes et les semis en retard. Ce n’est quand même peut-être pas demain la veille qu’on aura des jeans AOC Gers !


Au chapitre « on ne s’emballe pas Simone, si ça ressemble à une solution miracle, c’est qu’il y a un loup », on a appris récemment que planter des arbres, comme c’est parfois avancé, pour stocker du carbone et reverdir la nature n’était pas forcément la meilleure des idées, en fait. En gros, le potentiel de stockage a été largement surévalué et le risque est grand de modifier profondément des écosystèmes en plantant des arbres dans des zones où ils ne sont pas présents (steppes…). L’étude complète est là. Dans le même ordre d’idées, s’il est généreux de vouloir parsemer les villes de ruches avec des abeilles, il y a de fortes chances qu’on participe au dézingage des pollinisateurs sauvages parce qu’on introduit une concurrence nouvelle sur les ressources. Ah puis tiens, il y a aussi le cas de l’agriculture biologique dont le recours comme solution au réchauffement climatique tiendrait en fait du fantasme. Parce que, quoiqu’en disent les promoteurs de la bio, la faiblesse des rendements nécessiterait de mobiliser bien plus de terres arables. Sortez vos calculettes !


Autre truc qui se surveille comme le lait sur le feu, la peste porcine africaine. Certains estiment qu’elle est déjà présente sur le continent nord-américain, même si elle n’a pas été détectée, et l’angoisse est compréhensible lorsqu’on sait qu’elle pourrait coûter 16 milliards de dollars à la filière. Puisqu’on parle gros sous, le virus ne fait pas que des malheureux, et oui ma bonne dame, quand vous enlevez 200 millions de cochons du marché mondial pour cause de peste, ben ça fait flamber les prix ! Et ce n’est pas terminé, l’Office international des épizooties estime que l’épidémie a déjà tué un quart des cochons présents à la surface de la terre et le pic d’importation de viande de porc par la Chine est attendu en 2022.


L’Agence européenne de sécurité sanitaire a évalué les chances de survenue de l’épidémie dans l’Est de l’Union européenne (et jusqu’en Grèce) à 66 %… Et recommande de ne rien lâcher sur la… surveillance. La recherche, mise en quasi-sommeil depuis la fin de l’épisode européen des années quatre-vingt, a repris dare dare pour tenter de trouver une parade et les chercheurs espagnols, en pointe sur le sujet, viennent de rendre publics les résultats d’une analyse du virus en trois dimensions. Étude qui confirme que c’est un virus très complexe et qu’on n’est pas sorti de l’auberge (espagnole).

Un peu de lecture pour le week-end ? Notez la publication du numéro spécial de « Productions animales » intitulé « De grands défis et des solutions pour l’élevage » préparé pour ses trente ans. De plus, la revue est désormais en accès libre. Dans le Point, Jean de Kervasdoué livre une analyse intéressante et étayée expliquant que les tensions vives qui s’expriment aujourd’hui dans le pays sur le monde agricole tiennent à la méconnaissance du secteur par les Français. Hervé Gardette en a aussi fait l’objet de sa chronique Transition.

De son côté, le Blog du Communicant se demande si l’agribashing est un piège inextricable ou une opportunité d’évoluer ? Mais surtout, vous pouvez télécharger le #6 de la revue Sesame ! Et remplir le questionnaire que nous avons mis en ligne pour mieux cerner vos attentes et connaître vos impressions !

Allez, bon week-end, n’oubliez pas de rester au chaud !




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