Les échos & le fil

Published on 13 novembre 2020 |

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Les échos #32-2020

Nous voilà de nouveau confinés et soucieux de consommer local… C’est un papier un peu ancien, mais il nous avait jusqu’ici échappé et vient apporter une pierre de plus à la réflexion sur la relocalisation des cultures autour des centres urbains. Redéployer une agriculture de proximité n’est pas uniquement une question de surface et d’hectares disponibles – c’est une lapalissade pour qui connaît l’agriculture – pour la bonne et simple raison que toutes les terres ne se valent pas. Voici d’ailleurs un outil fort pratique (mais je n’ai pas mis le nez dans le cambouis pour voir comment il fonctionnait), qui permet de calculer le facteur de résilience alimentaire de votre commune.


Ainsi pour moi, rédacteur des échos, qui vis dans une des principales communes agricoles du département, je me suis rendu compte que les besoins étaient en fait de 3823 hectares contre 556 cultivés… Avec au final un taux de couverture de 15 % seulement, dans un département qui n’atteint même pas 50 %. En revanche, 50 % de la surface est en bio. Relation de cause à effet ? Non, c’est plutôt la monoculture qui pèche par ici (les initiés comprendront). Bref ce sont des stats, mais c’est intéressant quand on connaît le territoire ! De fait, ça vaudrait peut-être le coup d’affranchir les sept maires écologistes de grandes villes françaises qui ont signé voici quelques semaines une tribune pour que la PAC soit modifiée en profondeur afin d’assurer une plus grande souveraineté alimentaire. Et leur conseiller la lecture du dernier ouvrage de Guillaume Faburel, géographe, qui prône la fin des grandes agglomérations ? Ou celui de Bertrand Valiorgue sur l’agriculture au temps de l’anthropocène dont il dévoile les grands piliers (comme ceux de la PAC) dans ce papier de la Vie des Idées.


Tant que nous sommes sur ce thème, vous avez peut-être vu passer il y a quelques semaines là encore le récit par La Montagne de cette expérience de circuit très court entre un supermarché et des éleveurs… À l’opposé des grandes firmes de l’agroalimentaire qui pourraient peut-être, Covid-19 aidant, avoir perdu un peu de leur avantage compétitif face aux PME. C’est en tout cas une opinion qui se fait jour chez les analystes de Lux Research chargés de débusquer les tendances du secteur. Leur rapport pointe plusieurs clés à ne pas oublier d’actionner, telles que l’alignement des habitudes de consommation avec les impératifs de santé des consommateurs, la réduction des mauvais ingrédients et l’avènement des aliments « better for you. » Tout un programme. Et cette tendance se confirme dans le développement, depuis la crise du Covid, du crowdfunding visant à abonder au développement des marques émergentes et à remédier à l’attentisme des fonds d’investissement… Pendant ce temps-là Lactalis se débat avec des accusations de non-respect de la réglementation environnementale, autre challenge que les grandes entreprises ont à relever pour assurer la qualité de leur image. Nous en reparlerons.

On dit parfois que les électeurs sont pris pour des veaux. Vous êtes choqués ? En fait, ce n’est pas complètement dénué de sens nous apprend ce papier du Wall Street Journal. En effet, le mot anglais poll est directement issu du monde et du vocabulaire du bétail


Ça par contre, on le sait, avec le réchauffement climatique la vigne prend ses aises dans des contrées nouvelles. C’est le cas en Bretagne ou sur les terrils du nord, mais surtout au Royaume-Uni où la production est en plein essor. Mais s’il ne se produit pour l’instant que des blancs dans les vignobles de la perfide Albion, un cépage résistant au gel pourrait bientôt lui permettre de produire aussi des rouges. Vivement le Château Windsor millésime 2042.En attendant, s’il est un secteur inquiet des conséquences du Brexit (d’ailleurs quelqu’un a des nouvelles ?) c’est bien le secteur agroalimentaire qui craint la multiplication des fraudes.

En Espagne, le gouvernement prépare un décret pour contraindre les abattoirs à installer des caméras sur les chaînes d’abattage. En Argentine, la flambée du cours du soja, 420 $, pourrait faire entrer dans le pays 2,7 milliards de dollars de recettes supplémentaires alors même que la récolte pourrait chuter à 46 millions de tonnes (-7 % à cause de la sécheresse). Le « complexe oléagineux argentin » pourrait ainsi générer cette année plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Au Brésil voisin on se frotte les mains puisque le pays s’attend à une récolte record de 253 millions de tonnes de grains, grâce à la poussée de la production de soja, +436 % et 5,6 millions de tonnes ainsi que celle du maïs, +1,7 % soit presque un demi-million de tonnes supplémentaire. Pendant ce temps, la Russie ne s’encombre pas non plus de manières comme nous le racontent Les Échos pour venir chasser sur les plates bandes françaises.


Enfin, pour se reposer les yeux, jetez donc un œil, ou deux d’ailleurs si vous en avez deux comme la plupart du monde, à cette belle carte de la France de l’agriculture. Et vous pouvez suivre le compte twitter du Cartographe Alexandre Nicolas, c’est toujours plaisant ou pour les fondus des cartes en tous genres @MapPornTweet et le très souvent désopilant @TerribleMaps




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