Les échos & le fil

Published on 11 octobre 2019 |

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Les échos #30-2019

par Yann Kerveno

Le Washington Post s’est rendu en Sibérie et délivre un très beau reportage sur le permafrost. Après la guerre froide, c’est bien la chaleur qui menace des millions d’habitants vivant sur un sol dont la cohérence n’est plus assurée par la glace qu’il renferme. L’occasion, si vous avez le temps, d’en apprendre un peu plus sur le carbone avec ce papier de Sylvestre Huet : avez-vous une idée de la quantité de cet élément que la terre contient ? C’est vertigineux et l’on apprend aussi que les émissions anthropiques sont 40 à 100 fois supérieures à celles de la géologie, depuis 100 ans… Hey Donald, got it ?


D’ailleurs à ce sujet, il y a aussi la sortie de cette étude, il y a quelques semaines maintenant et largement commentée dans la presse, à propos de la culture du blé et du changement climatique. Étude qui envisage que la sécheresse pourrait affecter 60 % des surfaces aujourd’hui cultivées en blé dans le monde. Mais le blé, c’est « so old school » me direz-vous, on peut obtenir les protéines en labo maintenant. Depuis que Beyond Meat a explosé le Nasdaq  dès son introduction, le sujet occupe les investisseurs, en témoigne la stratégie du géant américain Cargill en la matière. Puisqu’on parle de géant, Nestlé a avoué ne pas être en mesure de tenir ses objectifs en matière de déforestation, comme il s’y était engagé en 2010…


Alors que les vendanges sont maintenant bien avancées en France et en Europe, que Donald veut appliquer des taxes bizarres sur les vins de certains pays européens (ceux participants au programme Airbus) en excluant les pétillants et les vins à plus de 14°C, Euractiv a consacré un intéressant, quoique incomplet, dossier à la viticulture européenne (en oubliant l’Italie et l’Espagne, dommage !). L’Europe toujours qui ne reconduira pas son dispositif de soutien à la banane de la zone Afrique Caraïbes et Pacifique (ACP) au prétexte que la demande des consommateurs européens a évolué et que « l’accent est mis aujourd’hui sur les aspects sociaux, environnement et santé ». Les bananes ACP représentent 19 % des importations européennes, premier importateur mondial et la décision ne lasse pas d’inquiéter en Afrique, le fruit représentant 60 000 emplois directs et indirects au Ghana, au Cameroun et en Côte d’ivoire.


La crise des gilets jaunes aura aussi permis de remettre sur le tapis, en creux, les errances du monde rural. Un rapport, dont Le Monde a pris connaissance, dresse ainsi un panorama bien connu des habitants de zones rurales (et qui est dénoncé pourtant en flux continu par les élus et les associations). En Espagne, pays où la désertification est un enjeu politique fort couplé au réchauffement climatique, la région de Galice a décidé de mettre en place un « discount fiscal » pour ses zones rurales et spécialement pour les agriculteurs ou les forestiers. Afin de faire de la province une référence de la dynamisation rurale.


En France, le Parisien s’est inquiété des dérives sectaires qui se font jour dans l’univers de l’alimentation, entre jeûne et manger cru… Le marketing ne s’en est pas encore emparé, mais l’alimentation cosmique a le vent en poupe et aurait tué une dizaine de personnes selon la Miviludes (mission contre les dérives sectaires). Si la mode du gluten free fut en revanche rapidement intégrée par l’industrie agroalimentaire (un chiffre d’affaires attendu de 4,7 milliards de dollars attendus en 2020…), une étude publiée en Angleterre semble montrer que manger sans gluten n’apporte aucun bienfait particulier si l’on est en bonne santé. Bon, en même temps, comme nous l’avons vu plus haut, si ça se trouve, le blé sera bientôt une denrée rare ! Comme le « vrai » riz de qualité, céréales pour laquelle la fraude à l’origine pourrait concerner de 20 à 50 % des volumes échangés dans le monde ? Et puisque nous parlions de snacking il y a une semaine, les dernières tendances poussent les « snackeurs » à préférer les fruits secs plutôt que les barres protéinées transformées. Qu’à cela ne tienne, un autre géant (pas vert), Kraft Heinz a la solution. Le groupe vient de lancer une marque de plats « Amazing grains » réalisés à base de grains « anciens » (orge, quinoa, millet…).

Pour grignoter tranquille en lisant ce passionnant papier qui explique que le secteur de la bio est aujourd’hui fortement marqué par la mode du « sans » et des produits « éthiques » Bon ap’ !




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