Les échos #15-2025
Cohabiter avec les ours et vivre avec le changement climatique, tout un fromage. Les échos du vendredi 23 mai 2025.
Visuel : © archives Yann Kerveno
Difficile cohabitation
C’est un thème qui revient souvent dans ces chroniques parce qu’il est emblématique de nos temps modernes, celui de la cohabitation entre les activités humaines et le monde sauvage. Les ours sont un souci chez nous dans les Pyrénées, bien qu’ils ne soient qu’une centaine. Aux États-Unis, après avoir été impitoyablement chassés pendant des siècles, les grizzlis ont retrouvé un peu d’espace et s’adaptent à un environnement peuplé d’hommes et de leurs activités. En Colombie britannique, dans la vallée de Elk où l’espérance de vie d’un ours est la plus basse du pays, on essaye de mieux vivre avec cette présence, c’est-à-dire de partager les efforts. Ainsi, les ours qui vivent dans cette zone se sont adaptés, ils sont plus nocturnes que les autres et parviennent ainsi à limiter les rencontres, dangereuses et parfois létales, avec les humains ou leurs voitures. Du côté des humains, il a fallu penser des dispositifs de protection pour empêcher les imposants mammifères, par l’odeur alléchée, de venir piller poulaillers, ruchers ou encore vergers. La clôture électrique semble y faire un tabac mais il est aussi question de ne pas laisser de tentations à portée de patte.
Cette question de cohabitation n’est d’ailleurs pas limitée au monde animal, il nous faut, changement climatique oblige, apprendre à composer avec ce que l’on appelle les « éléments ». Voire réapprendre, comme le montre le cas de Saint-Pierre-et-Miquelon : le vaste chantier de relocalisation du village de Miquelon, une vingtaine de mètres au-dessus de son altitude actuelle, est en cours. Parce que les années cinquante avaient complètement effacé la culture du risque liée à la présence parfois brutale de l’océan à proximité duquel les constructions se sont multipliées. Vous avez dit culture du risque ? Il faut lire ce formidable papier dans le New-York Times, sur l’histoire de ce couple qui a construit une maison capable de résister au feu sur les hauteurs de Malibu. Et où comment les efforts de prévention des incendies se heurtent parfois aux objectifs de préservation de l’environnement mais, surtout, comment ce n’est pas la maison qui flanche après être passée au travers de deux incendies, mais bien ses propriétaires…
125 milliards
Restons dans ce sujet du changement climatique avec ce pari nouveau : investir là où les crédits ont échoué… C’est l’audace du Tropical Forest Forever Facility (TFFF), une idée brésilienne, qui doit être lancée lors de la prochaine COP en novembre. L’idée, c’est donc de faire travailler l’argent déposé par les investisseurs pour rémunérer les pays pour leurs efforts de préservation ou de reconstitution de forêts tropicales. Avec une surveillance par satellite pour éviter les entourloupes. L’affaire n’entend pas, selon son promoteur, se substituer aux crédits carbone mais bien venir offrir une nouvelle chance d’épargner les forêts… 12 pays sont à la manœuvre, 125 milliards de dollars pourraient être investis et vous avez, pour les curieux, le détail du fonctionnement de ce fonds détaillé ici.
Tout un foin
Il y a eu ces derniers jours cette polémique virulente sur les réseaux sociaux autour du Comté et de ses atteintes à l’environnement, mais connaissez-vous le lait de foin ? Non ? Alors essayez donc d’imaginer. Il s’agit bien de lait de vaches, mais majoritairement nourries à l’herbe et au foin (l’hiver pardi). C’est né en Autriche où il a gagné de substantielles parts de marché et voilà que nous allons bientôt trouver ça dans nos rayons. Mais attention à la confusion, prévient Anne Parizot dans The Conversation, parce que « … le consommateur peu familier de cette appellation pourrait associer spontanément « lait de foin » à une boisson végétale comme le lait de soja, d’amande ou encore d’avoine, même si ces dernières appellations étaient désormais illégales en Europe. »