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Les échos & le fil © archives Yann Kerveno

Publié le 11 avril 2025 |

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Les échos #12-2025

Bientôt une AOC Pompéi ? Faut voir. Ce qui est sûr c’est que la voiture peut rendre marteau, même les oiseaux et que les migrations ne concernent pas seulement les mammifères et les oiseaux. Par contre, il y a du souci à se faire pour les abeilles américaines qui, elles, devraient peut-être apprendre à changer d’air ! Les échos de Sesame du vendredi 11 avril 2025.

On pourra bientôt déguster du vin de Pompéi, tel qu’il était élaboré avant la funeste éruption du Vésuve, grâce à un vignoble de six hectares planté par les caves Feudi dui San Gregorio et Basilisco, en association avec le parc archéologique de la ville et sous la supervision de l’Université de Milan. C’est l’aboutissement de décennies de recherches destinées à caractériser le vignoble d’alors mais aussi les modes de vinification employées. Deux cépages ont été plantés, le Greco et l’Aglianico. Ce vignoble à vocation pédagogique, qui fera revivre la viticulture romaine, n’est qu’un pan d’une entreprise d’archéo-agriculture plus vaste qui comprend notamment une plantation d’oliviers.

Sinon, il faudra bien un jour instruire le procès de la bagnole, marqueur majeur de l’anthropocène, dont une des vertus est probablement de taper sur les nerfs de ceux qui sont au volant au point de changer leur comportement. Mais aussi de ceux qui sont à l’extérieur. Et ce, jusqu’aux oiseaux, comme semble le montrer une étude récente menée aux Galapagos. C’est justement parce qu’il n’y a pas beaucoup de voitures sur ces îles que les chercheurs ont voulu savoir si la circulation pouvait avoir un impact sur une population particulière de piafs nichant à proximité des routes. La réponse est oui, les oiseaux vivant près des voies de circulation se montrent plus agressifs quand ils sont confrontés aux bruits des voitures.

Quand ils ne sont pas soucieux des effets pervers de la politique commerciale belliqueuse menée par l’administration Trump, les Américains peuvent aussi se faire du souci pour leurs abeilles. Les ruches sont en effet frappées depuis cet hiver par des mortalités jamais vues, 62 % des essaims n’ayant pas survécu, selon une enquête portant sur les deux-tiers des apiculteurs professionnels du pays. Soit une perte financière sèche estimée à 224 millions de dollars, et jusqu’à 634 millions si l’on extrapole en intégrant les chiffres des apiculteurs qui n’ont pas répondu. Ajoutez 400 millions de plus avec le manque à gagner lié à la perte de la saison de pollinisation et à celle de la production de miel et la facture est complète.

Si les facteurs habituels sont avancés pour expliquer cette accélération de l’effondrement des colonies (pesticides, varroa, climat, pertes d’habitat, manque de ressources alimentaires), les chercheurs sont à l’œuvre pour déterminer quel facteur a pu provoquer cette augmentation brutale. Les premières constatations menées ne sont pas sans rappeler celles observées en 2007-2008, lors de l’épisode du syndrome d’effondrement des colonies, avec des mortalités telles que les ruches se trouvaient dépourvues d’abeilles adultes, laissant seule une partie du couvain tandis que les réserves de miel étaient importantes… Un épisode similaire survenu en Floride il y a deux ans est toujours sous investigation.

Les recherches sont menées tous azimuts : nouveau virus, gènes de résistance du varroa aux traitements, résidus de pesticides, compositions de communautés microbiennes… Une opportunité de réhabiliter les abeilles charpentières autochtones ? Et pour terminer, restons dans le monde des petites bêtes qui volent. Parfois très loin. Des chercheurs viennent de montrer qu’une espèce de mouche, le syrphe américain, est capable de voler sur… 3 000 kilomètres ! Mais elle ne serait pas la seule, 592 espèces présenteraient des signes de migration, dont la moitié de la famille des syrphes, mais aussi 29 espèces de moustiques, 24 de moucherons non piqueurs et 22 de mouches domestiques… Qui délivrent des aménités, ou des calamités, le long de leur parcours. L’astuce, c’est que pour les itinéraires les plus longs, il faut plusieurs générations pour toucher au but. Bref, voilà une fenêtre ouverte de laquelle il faut ôter la moustiquaire pour comprendre l’ampleur du phénomène, c’est passionnant.

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