Publié le 5 juin 2023 |
0Cause végétale, l’éclosion d’un sujet sensible
Par Laura Martin-Meyer
Dimanche midi, un repas en famille, tout ce qu’il y a de plus banal. L’un des convives, la mine déconfite face au rôti servi dans l’assiette, dévoile ne plus vouloir consommer de chair animale. On lui objecte ironiquement : « Et la souffrance des plantes, alors ? » Cette scène, beaucoup l’ont vécue. Mais, s’il pouvait autrefois faire sourire, l’argument du « cri de la carotte » peut désormais compter avec l’appui de scientifiques et auteurs à succès. C’est à ce signal faible, la possible émergence d’une « cause végétale », qu’est consacré ce dossier. Car le changement de regard sur les plantes pourrait aussi contenir en germe de florissantes perspectives pour les temps proches.
« Nous parlons un langage d’animaux qui se prête mal à la relation d’une vérité végétale »
Francis Hallé, Éloge de la plante. Pour une nouvelle biologie, Paris, Seuil,
1999, p. 324
Plantons le décor. Si l’on en croit Peter Wohlleben, auteur de « La Vie secrète des arbres » (Les Arènes, 2017), le papier de son ouvrage « que vous avez en les mains, chers lecteurs, provient du bois râpé de bouleaux ou d’épicéas abattus – donc tués – à cette seule fin ». Tels sont les termes qu’employait l’ingénieur forestier dans son best-seller, vendu à plus d’un million d’exemplaires en France. Depuis, sur les étals des librairies, toutes sortes de parutions sur la forêt, les hêtres, les chênes et même les mauvaises herbes font florès. Le web aussi ameute les curieux, avec par exemple cette conférence vidéo de Suzanne Simard, « Comment les arbres parlent entre eux », qui comptabilise cinq millions et demi de vues.
Dès lors, tout se passe comme si les végétaux avaient tout à coup cessé de « végéter », gagnant une popularité inédite. Tandis que les toits et façades d’immeubles se parent de plantes ou qu’il est devenu « has been » de désherber les trottoirs, des pratiques ancestrales reviennent en vogue, telle la sylvothérapie qui prête des vertus curatives aux séjours en forêt ou à l’étreinte des arbres. C’est aussi un étonnant « tournant épistémologique » qui éclot dans certains milieux scientifiques : jusqu’alors entités passives et muettes, les plantes seraient désormais dotées de facultés traditionnellement attribuées aux êtres humains et à certains animaux.
« Le XXIe siècle sera-t-il celui du règne végétal ? »
Le « Plant Turn »1, scruté depuis 2015 par l’anthropologue Natasha Myers, traduit ainsi le changement d’attitude d’une poignée de scientifiques à l’égard des végétaux, bien déterminés qu’ils sont à en dévoiler la sensibilité ou l’« intelligence ».
En Italie, au sein de la Société de neurobiologie végétale fondée en 2005 par les biologistes Stefano Mancuso et František Baluška, on explore par exemple les facultés de mémoire, d’apprentissage ou de communication de ces êtres vivants. Un terreau très fertile, où croît cette nouvelle cause du végétal : « Le XXIe siècle sera-t-il celui du règne végétal ? », titrait d’ailleurs « Sciences et Avenir » en juin 2019. Mais c’était sans compter avec les vives controverses qu’alimentent, entre autres, les thèses de P. Wohlleben ou S. Mancuso, accusés de semer la confusion dans les esprits. Car, pour certains, verser dans l’anthropomorphisme – accorder aux animaux et aux plantes des attributs propres aux humains – a certes le « mérite d’ouvrir les possibles, mais freine la capacité à percevoir l’altérité végétale »2.
Tête à tête sur le végétal
Difficile en effet d’y voir clair et plus encore de se positionner à l’égard de cette vie absolument étrangère à nos mètres étalons usuels. Que traduit alors l’effervescence de ces débats ? Quels en sont les apports, mais aussi les pièges et les possibles effets dans le réel ? Réponses à deux voix, dans cet entretien avec la philosophe Florence Burgat, qui critique le « règne de l’indistinction » entres plantes et animaux, et le biologiste Olivier Hamant, qui offre un regard mesuré mais non moins salvateur.
Comment interprétez-vous l’inflation et le succès d’ouvrages portant sur le végétal, depuis les arbres jusqu’aux « mauvaises » herbes ?
Florence Burgat : Le goût de la botanique est prégnant depuis l’Antiquité. Songeons par exemple au premier traité de Théophraste, « L’Histoire des plantes » ou, plus tard, au « Dictionnaire des termes d’usage en botanique » de Rousseau. Être entouré de plantes c’est en effet expérimenter une forme de grand apaisement, précisément parce leur vie n’est guère inquiète ni mortelle mais en perpétuel renouvellement. Pourquoi, alors, un tournant végétaliste nous paraît-il tout à fait signifiant aujourd’hui ? Précisément parce qu’il intervient dans une société du numérique, établie dans des villes bétonnées. L’angoisse, le désespoir ambiant, la distillation d’informations sur l’état préoccupant de la planète et la désertion des religions classiques conduisent aussi nombre d’individus à tenter de réinvestir ce qui est aujourd’hui radicalement désenchanté. D’où ce succès, entre autres choses, des ouvrages qui prolifèrent sur le végétal.
Florence Burgat est philosophe, directrice de recherche à Inrae, affectée aux Archives Husserl (ENS Paris). Connue pour travailler de longue date sur la condition animale, elle s’est aussi intéressée aux plantes à travers l’ouvrage « Qu’est-ce qu’une plante ? » (Seuil, 2020).
Olivier Hamant : C’est aussi que nous sommes entrés dans une époque où la nature menacée devient menaçante. Et cela témoigne d’une inversion dans notre imaginaire : depuis l’avènement de l’agriculture et de la domestication, nous avons toujours tenté de contrôler la nature. Or, avec les effets boomerang flamboyants de l’anthropocène, on s’aperçoit aujourd’hui que plus on la contrôle plus elle nous échappe : c’est en quelque sorte la fin du néolithique. Nous voilà donc démunis, propulsés dans une ère où il va falloir apprendre à vivre en ayant perdu le contrôle.
D’où une curiosité, avec peut-être parfois beaucoup de béatitude, pour les éléments naturels : si ceux-ci nous menacent, alors il nous faut cesser de vivre contre eux et tenter de les comprendre. Le paradoxe c’est qu’on n’a jamais autant été à la fois déconnecté du vivant et imbriqué avec lui. Avec l’anthropocène, la nature n’existe plus, elle est complètement hybridée avec la culture : pour le dire vite, il y a du plastique aux confins de la forêt amazonienne. En parallèle, l’essentiel de nos interactions avec le monde passe à travers des boutons poussoirs. Elles n’ont plus rien de sensuel, comme l’explique Stefano Boni dans son livre « Homo confort ». D’ailleurs que mobilise-t-on dans nos tentatives de reconnexion au vivant ? Du numérique, avec des notions comme l’internet racinaire.
Olivier Hamant est biologiste interdisciplinaire, directeur de recherche à Inrae, au sein du laboratoire de reproduction et de développement des plantes de l’ENS de Lyon. Il dirige également l’institut Michel-Serre et a publié « La Troisième Voie du vivant » (Odile Jacob, 2022).
Nous mobilisons certes du numérique, mais nous prêtons dans le même temps aux végétaux une foule d’autres attributs traditionnellement réservés aux êtres humains ou à certains animaux : l’intelligence, la conscience, la sensibilité, des capacités d’apprentissage et de mémoire ou encore la faculté à ressentir la douleur… Les plantes seraient-elles des animaux comme les autres ?
O.H. : C’est en tout cas la thèse que défend Peter Wohlleben, dans « La Vie secrète des arbres » (Les Arènes, 2017). Un ouvrage certes truffé de données vraies mais pourquoi dire d’un arbre connecté à un autre que c’est « une mère qui prend soin de son enfant » ? Je suis assez critique et j’estime qu’il faut accepter que tout ne tourne pas autour de l’humain. Il existe en effet bien d’autres façons de vivre, plus décentralisées et plus auto-organisées. Le problème c’est que nous avons une vision animalo-centrée des plantes : spontanément, nous les imaginons avec une tête, un système nerveux central voire des vaisseaux sanguins. Or, pour le dire de façon un peu froide, biologiquement, elles ne détiennent rien de tout cela.
Ce qui n’empêche pas d’observer, à l’échelle moléculaire, des similitudes entre plantes et animaux, avec par exemple des protéines et des gènes identiques : que j’exerce une pression sur une main ou sur une plante, j’observerai dans les deux cas une vague de calcium. C’est un signal de « stress » hérité d’un ancêtre commun. Mais il ne s’agit là que de mécanismes qui ne disent rien de la vie. Et puis la comparaison s’arrête dès l’échelle cellulaire, où cellules animales et cellules végétales n’ont déjà plus rien à voir. Il y a donc des termes que j’évite soigneusement d’employer, en particulier celui d’intelligence, à moins que l’on s’accorde pour dire qu’il traduit la capacité d’adaptation. Mais là n’est pas du tout le sens général qu’on lui prête.
« Le problème c’est que nous avons une vision animalo-centrée des plantes »
Même chose pour la conscience ou la douleur, qui dépendent d’un système nerveux central. La seule notion que je me permets d’utiliser et qui peut porter à confusion c’est celle de proprioception : chez l’humain, cela nous permet par exemple de sentir nos bras bouger. Les plantes aussi ont cette faculté mais il s’agit pour elles d’une perception purement mécanique et géométrique des formes : cela explique notamment pourquoi les feuilles sont plates et les tiges cylindrées. Ainsi, les mécanismes qui entrent en jeu pour les plantes et pour les animaux n’ont rien à voir les uns avec les autres.
F.B. : Évidemment, selon l’angle à partir duquel on observe les choses, on peut rencontrer des analogies, mais il ne faut pas en faire des homologies : s’il existe en effet des structures communes aux animaux et aux plantes à l’échelle de l’infiniment petit, elles ne disent rien de l’essence de la vie. Il est clair que nous sommes limités dans notre vocabulaire ainsi que dans notre faculté à comprendre une forme de vie radicalement différente de la nôtre.
De fait, connaître c’est souvent reconnaître. Et, comme on imagine la plante avec un cerveau, il nous faut alors redéfinir les concepts que nous manions. Prenons la notion de soi, qui implique en philosophie une subjectivité : avoir un soi c’est se sentir persister comme étant le même au fil de la diversité de ses expériences. Cela se rapporte donc toujours au vécu. C’est ainsi que, si l’on mobilise le concept de soi chez les plantes, comme dans le cas de la proprioception, il faut en signaler les limites. En l’occurrence être clair sur l’idée que la plante ne se rapporte pas à elle-même car cette réflexivité implique le vécu.
Les thèses popularisées par Peter Wohlleben ont, dites-vous, « instillé dans l’opinion la croyance selon laquelle les plantes vivent, souffrent et meurent comme les humains ou les animaux ». Vous montrez que c’est faux mais allons plus loin : en quoi cela est-il problématique ?
F.B. : Il y a en effet des termes comme la souffrance, que l’on ne peut selon moi s’autoriser à employer au sujet des plantes, précisément parce que leur vie n’est pas vécue en première personne. Aussi, lorsque Peter Wohlleben écrit que « la plantule du chêne engloutie par un cerf souffre et meurt, comme souffre et meurt le sanglier égorgé par un loup »3, on peut se demander ce qu’il a derrière la tête… On le découvre pages 250-251, où il précise : « Nous utilisons des êtres vivants qui sont tués pour satisfaire nos besoins, il est inutile d’enjoliver la réalité. Pour autant, est-ce blâmable ? » et, plus loin : « Nous devons traiter […] les arbres comme nous traitons les animaux. »
Déjà, je ne crois pas qu’il soit très au fait de la manière dont nous traitons les animaux car il demande tout de même le droit pour les arbres de mourir dans la dignité : or exiger cela pour les animaux c’est déjà passer pour d’affreux extrémistes ! Et puis, en soutenant que les plantes souffrent au même titre que les animaux, il invite clairement le lecteur non pas à se brider mais à utiliser tous ces êtres souffrants avec certains égards.
Dans la même veine, on peut citer Dominique Lestel qui prétend, dans « L’Apologie du carnivore »(Fayard, 2011), qu’il « n’est pas plus éthique de faire souffrir une carotte qu’un lièvre ». J’y vois une tentative de banalisation : puisque tout souffre, alors tout est permis. En clair, je crois qu’il y a là le dépassement d’une limite que rien n’autorise à franchir : parler de souffrance ce n’est pas seulement descriptif, comme pourrait l’être le terme de sensibilité qui a aussi une dimension physique, mais cela sous-tend un glissement hasardeux.
Attribuer de tels qualificatifs à la plante peut certes conduire à relativiser la cause animale, mais qu’en est-il des plantes elles-mêmes ? Songeons par exemple au biologiste Marc-André Sélosse, qui estime que « l’intelligence cache la plante ». En clair, la ramener à nos grilles de représentation habituelles ce serait passer à côté de ce qu’elle est vraiment…
O. H. : Cela dessert en effet tout le monde et j’y vois même un marqueur de notre époque : pourquoi dit-on des plantes qu’elles sont intelligentes mais jamais qu’elles sont bêtes ? Si je devais choisir un camp, ce serait d’ailleurs le deuxième, les animaux, les plantes et les champignons n’étant pas du tout performants. Je m’explique : les plantes subsistent depuis des millions d’années, après avoir traversé quantité de chocs. Mais comment font-elles ? On pourrait penser qu’elles sont ultraperformantes et, pourtant, c’est en allant contre l’efficacité et l’efficience qu’elles y parviennent. Prenons le rendement de la photosynthèse, qui est estimé à moins de 1 %. Entendez par là que les plantes gâchent 99 % de l’énergie solaire ! Très loin, donc, de l’efficacité d’un panneau solaire, notamment parce qu’elles gèrent avant tout les fluctuations.
En parallèle, il y a aussi cette idée que les plantes seraient plus intelligentes que nous. Contrairement aux Européens, qui distinguent les « humains » et les « non-humains », les Américains ne disent pas « not human » mais « more than human » [ndlr : « plus qu’humain »]. Pourquoi cette course à l’échalote ? Qualifier ainsi les plantes, c’est le dogme de la performance à tous les étages. De fait, si elles avaient notre « intelligence », cela fait bien longtemps – 3,8 milliard d’années – qu’elles auraient, notamment, optimisé leur photosynthèse.
F.B. : Il est vrai qu’à penser la plante comme une super-intelligence, on ne fait que plaquer du « même » sur une vie absolument « autre ». Conséquence, on passe complètement à côté de son originalité. Et cela est d’autant plus curieux que c’est bien l’humain qui est le plus performant, dans la mesure où il a réussi à soumettre tout ce qui l’entoure, en particulier les animaux d’élevage. C’est que, face à notre puissance technique et scientifique, rien ne résiste.
Tout ceci pose la question de la juste attitude à adopter à l’égard des plantes. La Suisse s’est positionnée en 2008, à travers la Commission fédérale d’Éthique pour la biotechnologie dans le domaine Non Humain (CENH)4 qui reconnaît la « dignité de la créature » appliquée au règne végétal. En même temps, l’une des auteures du rapport s’interroge : « N’est-on pas allé trop loin avec la notion de dignité ? »5. Jusqu’où effectivement faut-il aller ?
F. B. : Rappelons que cette idée de « dignité de la créature » appliquée aux plantes émane de la partie germanophone de la Suisse. Elle est donc héritée de la tradition romantique allemande : c’est par exemple Schopenhauer qui dépeint la souffrance de la nature ou évoque ces lianes qui enserrent les arbres. Tout ceci est très loin de la culture française, plus cartésienne dans son rapport à la nature. C’est pourquoi il peut paraître déplacé pour nos oreilles d’entendre parler de la dignité de la plante.
Pour autant, faut-il utiliser nécessairement des concepts pertinents au regard des êtres mortels et sentients, comme les humains et une partie des animaux, pour qu’on respecte les plantes ? Ou bien faut-il appréhender ces dernières dans leur altérité radicale et exposer toute leur beauté, leur puissance ? Quoi qu’il en soit, je crois qu’il est périlleux et même déplacé de mobiliser des concepts comme celui de dignité, qui sont essentiellement liés à des existences vécues.
« Il peut paraître déplacé pour nos oreilles d’entendre parler de la dignité de la plante »
O. H. : Je dirai la même chose mais à l’envers : on pourrait imaginer que le cadre qui veut que « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres » inclue à l’avenir les non-humains et les générations futures. À condition, toutefois, d’assumer que cela relève uniquement de la responsabilité humaine. Il s’agirait donc moins de « libérer » les plantes que de tracer autrement la limite au-delà de laquelle notre propre liberté s’arrête, afin que les générations futures puissent avoir une chance d’exister.
Une autre piste, plus prometteuse et opérationnelle, est celle héritée de la pensée solidariste, avec en chef de file Léon Bourgeois : pensons en termes de dette que nous léguons aux générations futures. Encore une fois, il s’agit d’une dette entre humains, même si ce sont en partie les écosystèmes qui paient les pots cassés. Mais devoir s’acquitter de cette dette c’est une manière de transformer notre rapport à la nature et aux plantes, sans plaquer toutes sortes de choses sur elles.
N’y a-t-il pas tout de même du positif à tirer de cet intérêt renouvelé pour les plantes ?
O. H. : Nous avions jusqu’à présent une idée de la biologie fondée sur une lecture erronée de Darwin, avec ce maître mot : la compétition. C’est l’horreur totale ! Et puis un basculement assez incroyable s’est opéré dans le regard que nous portons sur le monde vivant. Prenons le cas des microbes, que l’on considérait depuis le XIXe comme des ennemis à tuer. À cette approche pasteurienne succède aujourd’hui l’ère du microbiome et des probiotiques : d’un seul coup, le microbe devient un allié et des ouvrages comme celui de Peter Wohlleben reflètent la même tendance : en réalité, les êtres vivants, dont les plantes, coopèrent beaucoup.
Et cette curiosité pour le monde végétal est d’autant plus rafraîchissante que nous allons avoir besoin de coopération dans le monde instable qui vient : la compétition, cela ne marche que dans un monde stable, ne souffrant ni de guerres ni de pénuries. Résultat, notre façon de plaquer des tas de choses sur les plantes c’est certainement très maladroit mais peut-être allons-nous finir par nous poser les bonnes questions.
F. B. : Je me méfie toujours des paroles, et je crois qu’il faut juger les gens sur leurs actes. L’inflation des discours est toujours un peu suspecte. Souvent, cela vient masquer un problème : de quoi les individus se sentent-ils coupables pour insister à ce point sur tel ou tel sujet ? À cet égard, on peut être attentif à la montée en puissance d’un type de discours pour voir s’il produit bien des effets dans le réel : cessera-t-on de raser des forêts ? En outre, la société étant composée d’acteurs très divers et de points de vue qui s’affrontent, ces discours seront-ils assez puissants pour toucher ceux qui ne se préoccupent pas du tout des milieux naturels ?
Cultiver les imaginaires
Les conseils d’Olivier Hamant :
– Stefano Boni, « Homo confort », éditions L’Échapée, 2022.
– Bruno Moulia et Vincent Amouroux, « La proprioception, notre véritable sixième sens », 2020, « un très beau documentaire, sur la proprioception des plantes et des animaux ».
Et de Florence Burgat :
– Claude Nuridsany et Marie Pérennou, « Éloge de l’herbe. Les formes cachées de la nature », éd. Adam Biro, 1988, ouvrage de photographies par les réalisateurs de Microcosmos.
LIRE AUSSI :
- Aurélie Javelle, « Le Plant Turn se caractérise par la prise en compte des plantes en tant qu’êtres sensibles, voire “intelligentes”, par opposition à une tradition qui les envisage passives, muettes et immobiles », dans « L’acceptation de la part “sauvage” des plantes pour développer des systèmes maraîchers “diplomatiques” », La Pensée écologique, vol. 6, no 2, 2020.
- Aurélie Javelle, Dusan Kazic, et Jacques Tassin, « Introduction : repenser le statut des plantes », dans La Pensée écologique, vol. 6, no 2, 2020.
- Peter Wohlleben, La Vie secrète des arbres, Les Arènes, 2017, p. 64.
- Commission fédérale suisse d’éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain, « La Dignité de la créature dans le règne végétal. La question du respect des plantes au nom de leur valeur morale » (Berne, 2008). Un travail motivé par l’introduction dans la constitution fédérale en 1992 de la notion de « dignité de la créature » qui, sur le plan du droit constitutionnel, « se rapporte à la valeur d’un être vivant pour lui-même ».
- « Certains ont argumenté que le respect moral des plantes peut entraîner une relativisation des valeurs morales face à l’être humain et aux animaux », questions à Martine Jotterand, biologiste généticienne au CHUV et professeur à l’UNIL, Le Temps, 15 avril 2008. https://www.letemps.ch/societe/concluons-vegetaux-ont-une-valeur-morale