Sciences et société, alimentation, mondes agricoles et environnement


Les échos & le fil

Publié le 13 décembre 2019 |

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Les échos #38-2019

Par Yann Kerveno

Les Japonais ne s’embarrassent pas de précautions. Ils viennent d’autoriser la mise sur le marché de produits alimentaires issus du génie génétique et ce sans réclamer un quelconque étiquetage pour prévenir les consommateurs. Au prétexte qu’il n’y a pas de différence entre un aliment OGM et un aliment conventionnel. Tout est question d’appréciation de la nature des produits donc. En Chine, les préoccupations sont d’un autre ordre à cause de la peste porcine. Et visiblement, vu la manière dont les Chinois se saisissent des précautions d’usage, des animaux morts malades sont insérés dans la chaîne alimentaire, il y a fort à parier que l’épidémie va durer, durer, durer…


C’est le moment d’investir dans le cochon, mais la maladie progresse et inquiète fortement en Allemagne où l’on cherche des sangliers clandestins en provenance de Pologne… En Belgique, les discussions portent sur la viande de sanglier, estimée bien trop chère en regard de la surabondance des suidés sauvages dans les espaces naturels… Imaginez, elle se vend au prix de celle d’une biche

Au chapitre des polémiques de la semaine, sachez qu’en Indonésie le gouvernement s’élève contre le bilan établi par des chercheurs des incendies de l’année. Ils ont estimé que 1,6 million d’hectares avaient disparu quand les autorités clament que le compteur s’est bloqué à 950 000 hectares, seulement. Rapide retour sur le glyphosate suite au thread de la semaine, on a trouvé la liste des formulations à base du produit honni dont l’Anses a prononcé l’interdiction mais aussi des précisions sur les dates, leur utilisation sera interdite à partir du 29 novembre 2020.


Dans nos champs, l’automne aura été pluvieux et très compliqué pour les semis. L’année 2020 sera donc, potentiellement, une année de faibles récoltes. Agreste a en effet estimé une baisse de 5 % de la sole de blé, elle passe pour sous la barre des 5 millions d’hectares, ce n’était pas arrivé depuis 2003. La situation n’est guère meilleure pour le colza dont les emblavements sont aussi en fort recul à tout juste un million d’hectares. Voilà qui vient appuyer la crainte que les grands bassins producteurs de blé puissent se retrouver en grandes tensions à cause des effets du changement climatique avec à la clé de belles flambées des prix. En parlant de blé, une étude tombe à point (c’est une publication du début de l’été), pour lever quelques fantasmes à propos des variétés anciennes, portées aux nues ici ou là parce que relevant, probablement, d’un monde ancien non encore contaminé par l’industrie et « lélobis ». Alors non, ces variétés ne sont pas plus rentables que les modernes ! N’en déplaise à ceux qui se targuent de mettre en culture des « lignées pures de blés de pays » concept qui ne laisse pas d’interroger, pour « réinventer l’agriculture et lui conférer de la résilience« . Mais la solution vient peut-être de la technologie puisque après l’agriculture urbaine, les potagers sur les toits, voici les plates-bandes au milieu de la cuisine !


Quelques nouvelles du monde comme il va ? Au Canada, la bio se développe tout autant que dans nos contrées et Radio Canada est allé en reportage dans une ferme bio de… 19 000 hectares. Aux États-Unis, un tribunal de l’Arkansas a suspendu une mesure datant de quelques mois et interdisant aux producteurs de « viande à base de végétaux » d’utiliser, justement, le terme de viande. Et ce suite à un recours d’une entreprise arguant de la « liberté d’expression ». L’affaire doit maintenant être jugée sur le fond mais le débat risque de durer. Ainsi le monde de la viande est passé à l’attaque, de communication, contre ces substituts végétariens avec un argument choc : l’ultra-transformation de ces produits et ce qu’ils pourraient cacher. Diantre.

En France, la Cour des comptes s’est intéressée, (comme le numéro 6 de Sesame que vous pouvez télécharger ici) à la question de l’obésité. Et pointe dans son rapport l’inefficacité des politiques de préventions parce que : « La régulation de l’offre et de la demande alimentaire ne repose que sur la bonne volonté du secteur de la grande distribution et de l’agroalimentaire, ce qui favorise les mauvais comportements alimentaires des populations les plus vulnérables et en particulier des enfants, soumis à un marketing intensif à la télévision et sur d’autres supports. Même le Nutri-score, instrument utile à la bonne information des consommateurs et qui devrait être rendu obligatoire dans le droit européen pour être pleinement efficace, se heurte encore à l’opposition d’une partie des industriels du secteur de l’agroalimentaire. » Difficile d’être plus direct ! Et pas vraiment surprenant fait remarquer le Figaro, qui note que le Nutri-score ne serait présent que sur 5 % des produits… Une belle occasion pour M.E.L. de faire un peu de com’. Fin novembre, il a en effet annoncé l’apposition fameux système 5 couleurs sur tous les produits de sa marque. Et réclamé que les grandes marques suivent. Jamais perfide pour rien, le patron de l’enseigne fait remarquer que la bio est, de son côté, réticente à ce dispositif.

Vous avez besoin d’un jeu pour passer le week-end ? Alors vous aussi, sauvez la planète du réchauffement climatique ! C’est un simulateur en ligne, un peu à la manière de Simcity (vous vous souvenez ?) développé par le Massachusetts Institute of Technology (le fameux « aime aïe tea ») qui vous propose une console sur laquelle vous pouvez interagir et mesurer l’efficacité de vos choix. C’est très, très intéressant. Si si. Tout aussi intéressant, sautez donc sur cette animation qui vous permet de remonter des centaines de millions d’années en arrière pour voir où se situait, par exemple, le lieu où vous habitez et quels dinosaures y vivaient ! Enfin s’il fait vraiment trop mauvais, vous pouvez vous caler sous la couette et suivre le colloque consacré à la santé des abeilles organisé par l’Anses et l’Efsa, c’était il y a quelques jours à Paris (on est preneur d’un résumé ! Je dis ça, je ne dis rien !)




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