Les échos #36-2025
Vous vous souvenez peut-être de cette histoire un peu rocambolesque survenue il y a quelques mois aux États-Unis, l’arrestation d’une chercheuse chinoise en possession de souches de fusarium. Dans un papier tout récent, l’épidémiologiste en santé végétale Frédéric Suffert (INRAE), qui nous avait alors aidés à comprendre ce qui se tramait autour de cette histoire de fusariose, fait le point à la fois sur le détournement des normes phytos à des fins économiques et sur la menace de l’agroterrorisme, sujets peu abordés ici mais particulièrement intéressant, vous verrez.
Si la France gagne de la forêt chaque année, cela n’empêche pas pour autant l’artificialisation des terres, ici et dans le monde. En novembre, on a ainsi appris que les surfaces artificialisées s’étaient développées deux fois plus vite que la population mondiale depuis 50 ans. Les populations proprement urbaines représentent aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale (52 %) contre 20 % en 1950. La ville, justement, et les défis qui lui sont lancés pour qu’elle reste habitable en dépit du changement climatique. Vous avez peut-être vu passer cette information extraordinaire sur l’éventualité de déplacer ni plus ni moins que Téhéran, la capitale iranienne qui est en état de « faillite aquatique ». De quoi revenir sur cette réflexion récente d’Hugues Draelants qui explore les raisons de notre inaction patente face aux défis du changement climatique alors que nous avons toutes les informations nécessaires. C’est vertigineux. Et complexe. Tout comme est complexe, mais prometteuse, l’utilisation d’horloges épigénétiques pour prévenir le déclin des espèces.
Les fêtes de fin d’année sont aussi celles des fables, belles ou tristes. Pendant que le loup d’une importante chaîne de supermarché squatte les médias et les polémiques (mais ça repose de l’hystérie autour de la dermatose quand même), les ours poursuivent leur bonhomme de chemin et inquiètent chaque année un peu plus. La raison, c’est l’augmentation des attaques contre les humains recensées chaque année. Alors, rassurez-vous, on peut encore se promener (sans grand risque) en montagne dans les Pyrénées mais ce n’est pas le cas partout. Plusieurs raisons sont avancées pour tenter de trouver explication à cette tendance mais la principale reste l’augmentation des occasions de rencontre. Parce que nous allons plus dans le milieu naturel avec des activités aussi plus intrusives et que les efforts de conservation des populations ursine ici ou là ont multiplié le nombre d’animaux.
Mais finalement n’est-ce pas finalement l’enjeu majeur de nos sociétés (aujourd’hui et de tout temps) que de s’adapter à un contexte qui n’est pas figé ?
C’est ce que nous avons essayé de montrer dans ces échos du vendredi, à raison d’une petite quarantaine de livraisons par an depuis 2019. Montrer que rien n’est simple ou binaire, que bouger un curseur ici en fait forcément bouger un ou plusieurs autres un peu plus loin, qu’il y a toujours quelque chose à apprendre chez son voisin et que la curiosité est un bien joli défaut quand elle est mise au service de l’appréhension du monde. Merci en tout cas pour votre fidélité discrète à ces « échos » et si le cœur vous en dit vous pouvez vous abonner à la suite avec dès janvier un nouveau titre « Rien n’est jamais simple » sur la plateforme de newsletter française Kessel.
