Publié le 9 novembre 2018 |
1Les échos #34-2018
On se demande vraiment comment on va se sortir de ce pétrin. D’un côté, L214 a rendu public une nouvelle vidéo d’un abattoir où les pratiques ne sont pas conformes à ce qu’elles devraient être. C’est comme remettre une pièce dans la machine, on reparle de l’amendement d’Olivier Falorni sur la vidéosurveillance écarté de la loi Egalim. Vous reprendrez bien un peu de dessert ma bonne dame.
D’un autre côté, la riposte s’organise visant à tenter de discréditer L214. Sur Twitter ont circulé les comptes (florissants) de l’association qui montrent qu’elle a été au moins financée par une organisation américaine, Open Philantropy project, très engagée dans la protection des animaux d’élevage, et présentée, probablement un peu vite, comme « abolitionniste ». Mais à la guerre comme à la guerre (c’est de saison), à chacun ses outils pour décrédibiliser l’autre camp. Tiens en parlant de ça, il y a aussi les rebonds opportunistes comme cette tribune dans Libé qui préconise de taxer la viande (c’est une idée qu’on commence à entendre de plus en plus), au lieu du carburant. Avec en sous-entendu, cesser de manger de la viande pour pouvoir continuer à conduire. C’est un point de vue.
Si les astronomes découvrent les exoplanètes par des moyens détournés faute de pouvoir les observer directement, on peut faire la même chose avec Twitter et voir la télé sans l’avoir chez soi ! Ainsi, Zone Interdite a diffusé il y a quelques jours un reportage sur la consommation de viande. Qui a fait rire, ou pas, par son parti pris.
Remplacer la viande par du soja !!L’Argentine, par exemple, a perdu a elle seule 22% de ses forêts entre 1990 et 2015. Et dans la plupart des cas, ce sont des exploitations de soja qui les ont remplacées. Et cette destruction massive des forêts menace #ZoneInterdite pic.twitter.com/DCXxqyLtZv
— gatt denis (@denis_gatt) 4 novembre 2018
On trouve quand même des gens pour tenter de réfléchir à la question, 60 millions de consommateurs a enquêté sur le bien-être animal (mais on n’a pas encore lu) et publie un hors-série (novembre 2018) dans lequel il est question du statut de l’animal, de la réalité de l’élevage… (autant de sujets familiers des lecteurs de Sesame pour le coup). De quoi rêver devant la chronique de Georges Monbiot dans le Guardian, qui avoue, au final, après qu’il ait largement combattu la consommation de produits carnés pour des raisons éthiques, que la question de la viande est bien plus subtile qu’elle en a l’air. Il écrit : « I no longer believe that the only ethical response is to stop eating meat. » Not the only. Il suggère qu’au final, on peut peut-être régler le problème éthique en modifiant le système d’élevage.
À ce propos, et en parlant d’éthique, vous pouvez vous plonger dans ce papier de Productions animales. Avec beaucoup d’à-propos, les chercheurs y font le point sur la question du Bien-Être animal et de ses dernières évolutions. Un sujet d’autant plus d’actualité que les grands agroindustriels s’emparent du dossier avec la «Global coalition ». Pour en faire quoi ? L’avenir le dira.
Bref, on pourrait continuer sur le sujet ou prendre le contre-pied, mais il n’y a pas que la viande dans la vie, il y a aussi les pesticides, les enfants nés sans bras (on garde tout ça pour la semaine prochaine, faut pas griller toutes ses cartouches), les agriculteurs qui se font tirer dessus quand ils sèment leur blé (pauvre Millet, que peindrait-il de nos jours ?).
La bio attend, pour sa part, toujours les aides de 2017 et 2018, voire une partie de celles de 2016. Voilà de quoi donner foi en l’Europe à quelques mois des élections. Et pour tenter de faire accélérer le mouvement, la filière a même saisi le défenseur des droits.
Sinon, tiens, pour faire suite au dossier sur la robotisation ouvert sur le site, Cargill a annoncé avoir développé un robot pour faire bouger les animaux dans les feedlots. Enfin, à propos de la sécheresse toujours, je serais vous, je me dépêcherais pour le sapin de Noël. Paraît qu’avec le manque d’eau, y’en aura pas pour tout le monde et que les prix vont flamber !
L’article de George Monbiot que vous citez date de 2010. Il a amplement réexaminé la question depuis, comme on peut s’en rendre compte dans des articles plus récents :
Why I’m eating my words on veganism – again
https://www.theguardian.com/commentisfree/2013/nov/27/al-gore-veganism-eating-words-sceptical-meat-eating
I’ve converted to veganism to reduce my impact on the living world
https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/aug/09/vegan-corrupt-food-system-meat-dairy
Goodbye – and good riddance – to livestock farming
https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/oct/04/livestock-farming-artificial-meat-industry-animals
The best way to save the planet? Drop meat and dairy
https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/jun/08/save-planet-meat-dairy-livestock-food-free-range-steak