Publié le 20 octobre 2023 |
0Les échos #31-2023
Le changement climatique fait faire des nœuds aux cerveaux, les espèces invasives coûtent diablement cher et les cervidés se sont pas là pour conter fleurette au H5N1. Ce sont les échos de ce vendredi, bonne lecture.
Visuel : Matin d’hiver quelque part dans le Tarn © archives Yann Kerveno
Déprime
Il y a des endroits où il ne pleut pas, d’autres où il pleut trop. Comme la marque de l’absurdité de notre temps ? On sait depuis longtemps que le climat pèse sur le moral selon que l’on passe trop de temps sous la pluie, dans le brouillard, dans la nuit… Nous sommes tous, à des degrés divers, « météosensibles » en somme. Dans le genre flippant, il y a les ouragans dont on sait maintenant qu’ils ont la capacité à s’intensifier plus rapidement qu’avant, laissant moins de temps aux populations pour se préparer et se protéger. Plus près de nous, dans l’ouest du pourtour méditerranéen, c’est l’omniprésence du soleil et l’absence de pluie qui déprime ceux qui ont à travailler avec une terre plus sèche que de la pierre en plus d’être foncièrement ingrate alors qu’on s’enfonce dans l’automne, traditionnellement pourvoyeur d’une grosse part de la recharge des sols.
Aux États-Unis, les médecins commencent à intégrer le stress et l’anxiété liés aux effets du changement climatique dans la prise en charge des troubles mentaux et dépressions des agriculteurs. « Souvent, une catastrophe peut pousser un agriculteur au-delà de la marge déjà mince qui existait » explique ainsi Caitlin Arnold-Stephano (Farm Aid). Et plusieurs études montrent que les progressions du taux de suicide sont souvent corrélées aux événements climatiques extrêmes subis par les agriculteurs, qui souffrent en plus d’être montrés du doigt pour le rôle de leur travail dans le réchauffement climatique. Il faut absolument lire ce papier de Mélissa Godin publié par Ambrook Research.
Ça broute sérieux
Parfois, ce sont les animaux qui donnent du fil à retordre dans les cultures. Les rats taupiers dans les prairies, les sangliers dans la vigne ou le maïs. Sur ce sujet, il faut aller aussi voir cette expérimentation menée en Aubrac sur la consommation de fourrages par les cervidés… Quatre années d’études ont ainsi permis d’évaluer l’importance du prélèvement opéré par ces animaux dans les prairies. Comment ? Tout simplement en installant dans des parcelles non pâturées par les animaux de rente des enclos pour protéger l’herbe. Au final, les prélèvements enregistrés sont de l’ordre d’un quart de la pousse par an, soit grosso modo 8 tonnes de matière sèche à l’hectare. Un appétit qui pourrait presque déclencher les mécanismes d’assurance qui démarrent à 30 % de pertes !
Y’en a partout
Si les cervidés sont autochtones en Aubrac, les espèces invasives font peser, on sait cela aussi depuis longtemps, une menace importante sur les écosystèmes. Elles seraient aujourd’hui 37 000 à être parties à la conquête de mondes nouveaux, transportées par notre incapacité à rester en place… Et pourraient coûter 423 milliards de dollars par an selon une étude récente des Nations-Unies. Le rapport est là. Comme les animaux, les virus ont des capacités d’adaptation. Tiens, prenons le H5N1, la grippe aviaire dont on se demande comment elle a pu devenir aussi dévastatrice et dont l’épicentre, traditionnellement situé en Asie, pourrait s’être aujourd’hui déplacé sur d’autres continents…