Publié le 25 janvier 2019 |
0Les échos #3-2019
Par Yann Kerveno
Puisqu’il n’y a pas que le glyphosate dans la vie, regardons ce qui se passe ailleurs. The Guardian s’inquiète d’une crise du fromage à venir aux USA. Crise qui mettrait en péril l’industrie laitière du pays.
Raisons invoquées ? Des changements dans les habitudes de consommation, l’attrait du marché pour les « laits » d’origine végétale » qui détourne des milliers de tanks de lait de vache (secteur où Monsanto s’est aussi illustré avec le Posilac) vers une fabrication fromagère qui, elle, perd des parts de marchés pour la quatrième année consécutive… En Europe la surchauffe a guetté fin 2017 avec des stocks de poudre au plus haut, à 380 000 tonnes. Depuis, ils ont été divisés par deux grâce aux ventes successives courant de début 2018 jusqu’au 10 janvier, dernière vente en date de plus de 80 000 tonnes. Il ne reste plus aujourd’hui que 22 000 tonnes en stock. C’est une crise du même style, moins bien gérée, qui avait provoqué l’application des quotas laitiers en 1984. #remember
En Belgique, en Flandre exactement, les autorités sanitaires ont mis fin à la pratique des abattages rituels (casher et halal) ; désormais, les tueries devront être effectuées après une électronarcose réversible qui rend l’animal inconscient. De son côté Carrefour semble vouloir chercher la ceinture et les bretelles. Le groupe de distribution a annoncé sa volonté d’auditer l’ensemble des abattoirs avec lesquels il travaille et y réclamer l’installation de caméras de surveillance, dispositif pourtant rejeté lors de l’étude de la loi Egalim.
La Cooperl, leader de la production porcine en France, s’est portée volontaire (?) et va installer des caméras dans trois abattoirs. Les résultats seront partagés avec l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir, une association qui œuvre notamment pour l’amélioration des procédures d’abattage. Le député En Marche Cédric Villani a, lui, interpelé le gouvernement à l’Assemblée nationale en demandant au ministre de la Transition écologique s’il avait l’intention de présenter un projet de loi sur le bien-être animal et la façon de considérer les autres espèces. Dans le nord-est de la France, on cherche plutôt à éliminer les sangliers sans sommation pour éviter que la peste porcine, présente en Belgique, saute la frontière.
Nous avions vu, il y a deux échos de cela, que l’étude des populations de chasseurs-cueilleurs montrait que le régime idéal pour la santé était fait d’un peu de tout et pas mal d’exercice physique.
La revue Lancet-EAT a publié une étude visant à proposer une diète idéale, tant pour la santé que pour l’environnement. Régime qui nous propose 7 grammes de viande rouge par jour (soit un steack une fois par mois en gros), deux filets de poulet et trois œufs par quinzaine, le tout permettant d’atteindre une ration de 2500 calories. C’est l’occasion de plonger dans le réel de nos assiettes comme l’a fait le Monde qui nous apprend, à la suite d’une étude de l’Anses que nous consommons en moyenne 2,9 kilos d’aliments quotidiennement. Mais c’est le sucre qui reste aujourd’hui la préoccupation sanitaire majeure de notre alimentation et le moyen qui semble le plus efficace pour amener les industriels de l’agroalimentaire à la raison pourrait être la taxe.
Food Navigator a fait un tour du monde instructif pour voir comment les pays avaient pris le problème en main. En France, plus de 1000 familles prennent part à l’expérimentation « Familles à alimentation positive » organisée par la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) qui vise à s’approvisionner en bio ou au plus près de chez soi.
Et voici pour finir quelques petits sujets de réflexion qui vous divertiront du glyphosate. [Bon si vraiment vous y tenez, retrouvez les deux threads de cette dernière semaine ici et là.] Avec cet affrontement devant les tribunaux entre la mairie de Paris et l’association France Nature Environnement sur les modèles à retenir pour le développement de l’agriculture dans la capitale, puis cet autre qui oppose la préfecture aux défenseurs des lapins de garenne de Paris.
Au Cameroun, des essais sont menés pour déterminer quelles sont les variétés de blé les plus adéquates selon les régions et faire diminuer un peu la dépendance du pays aux importations de blés, farines, gâteaux. Une facture annuelle de 150 milliards de Francs CFA. On est loin des préoccupations occidentales et des tendances relevées par Food Navigator encore pour cette année 2019. Le plastique c’est plus fantastique !
Bon week-end !