Publié le 4 avril 2025 |

Les échos #11-2025

Des chaînes d’abattage plus rapides, des battements d’aile de (gros) papillons qui font changer les politiques de soutien à l’agriculture, l’eau qui tombe en trombes après la sécheresse et l’ouverture d’une nouvelle ligne de fracture nord-sud aux États-Unis autour de la nature du steak ? Les échos de Sesame du vendredi 4 avril 2025.

Visuel : © archives Yann Kerveno

Dans une note récente et fort passionnante, Mickaël Hugonnet (Ministère de l’agriculture) nous conte la courte mais intense histoire de l’agriculture néo-zélandaise. Pas pour le folklore mais pour expliquer comment le pays s’est adapté, a fait évoluer ses politiques agricoles au fil du temps, pour parvenir à rester un acteur majeur sur le marché mondial. Celui du lait en particulier. Où l’on comprend comment la construction de l’Europe, à la manière du battement d’ailes du papillon (bon d’accord un bel Attacus Atlas avec ses 25 cm d’envergure), a obligé l’agriculture du pays à changer de système et comment, au-delà de la fin des subventions aux exploitations, l’approche globale et très libérale de l’économie a aussi permis la survie des exploitations. Au prix d’un poids plus intense sur l’environnement (il y a toujours un revers à la médaille).

Puisque nous sommes au chapitre libéralisme, faisons un détour (encore) par les États-Unis où l’administration Trump continue son œuvre de réforme. Un des projets qui fait lever le sourcil cette semaine, c’est celui qui permettra aux abattoirs d’accélérer les cadences sur les chaînes, en réponse à une demande aussi ancienne qu’incessante des abatteurs. Le ministère de l’agriculture préparait, à la mi-mars, les règlements nécessaires et, cerise sur le gâteau (pour les abatteurs), il met aussi fin à une contrainte qui leur était faite de signaler les accidents du travail sur les lignes d’abattage à « grande vitesse ». Déclarations obligatoires, mises en place pour tenter de déterminer si la cadence des chaînes pouvait avoir une influence sur les conditions de travail des salariés et l’occurrence des blessures, voire des décès. Dans le même temps, l’État du Mississippi est devenu le troisième du pays à bannir la viande de synthèse (après l’Alabama et la Floride). Trois États ne figurant pourtant pas dans les plus gros producteurs de viande. De quoi raviver un vieux (mais jamais disparu ?) clivage nord sud aux États-Unis ? Si la décision prise en Floride a été attaquée en justice, d’autres États sont prêts à prendre le train de l’interdiction en marche, dont un autre état du sud, la Géorgie, et le Nebraska.

Les pluies ont beau s’abattre sur l’Espagne comme les criquets en Égypte, la sécheresse du début de cette décennie y aura marqué les esprits. Et la vue des barrages quasi pleins ne détourne pas les autorités du pays d’une réflexion à moyen et long terme. En Andalousie, où l’on prévoit une augmentation de 5 % des températures et une réduction de 9 % de la pluviométrie, le gestionnaire d’eau de la région de Séville va investir 185 M€ pour « anticiper la prochaine sécheresse ». L’entreprise publique révèle que l’an passé, en 2024, la consommation d’eau potable fut de 105 litres par jour et par habitant, contre 176 il y a 30 ans. Les investissements porteront sur la rénovation des réseaux, leur digitalisation et une meilleure gestion de la disponibilité des ressources. Pendant ce temps là, le Queensland australien fait face à des inondations majeures qui ont coûté la vie à plus de 100 000 têtes de bétail et endommagé 3 180 kilomètres de clôture. Enfin, et puisqu’il est beaucoup question de taxes douanières ces jours-ci dans les actualités du vaste monde, sans forcément bien discerner ce qui se joue réellement, on peut regarder par ici pour savoir de quoi l’on parle, et d’où viennent ces taxes ou par ici avec ce papier de Myriam Ben Saad, PhD, pour savoir de quoi il retourne exactement.