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Les échos & le fil

Publié le 22 mars 2019 |

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Les échos #11-2019

Par Yann Kerveno

Après Sesame (hi hi cliquez donc ici) et quelques autres, c’est la revue américaine Wired qui se saisit de CRISPR-Cas9 et propose un dossier complet sur le sujet. En préambule, l’édito n’y va pas par quatre chemins et postule que cette technologie va nous permettre de développer un élevage plus « humain » avec des animaux qui pourront mieux résister à la chaleur, aux maladies…

Le magazine raconte aussi qu’un chercheur souhaite faire produire, grâce à ces « ciseaux moléculaires », des organes humains dans des porcs, et que la technique est déjà présente dans notre alimentation. Mais la revue s’interroge quand même sur le degré de préparation de l’humanité pour accueillir cette révolution.

Pendant ce temps-là, toujours aux États-Unis, une crise profonde secoue l’industrie laitière depuis quatre ans maintenant. En cause, explique Farm Progress, l’amélioration du rendement des vaches grâce à une meilleure alimentation, l’utilisation de semences sexées (annoncées avec 90 % de chance de donner des femelles), des investissements extra-agricoles dans des méga-élevages, les importations de lait d’autres états… Les éleveurs perdent de l’argent, et les coopératives aussi, 10 M$ pour Organic Valley, la plus importante coopérative laitière bio américaine…

Sur les causes on peut lire ce papier de blog intéressant publié sur le site de MilkBusiness. En 2014, dernier pic pour les prix du lait aux États-Unis, la production a atteint 93 millions de tonnes avec une production moyenne par vache de 10 000 kg. Quatre ans après, en 2018, la production américaine a atteint 98 millions de tonnes, augmentant de 5 % et le nombre de vaches laitières de 1,4 %… (stats complètes ici) Le papier plonge ensuite assez profondément dans la recherche des causes de ce crash sans précédent. En Pennsylvanie, les pertes sont évaluées à 550 M$ par an pour les éleveurs, 650 M$ pour l’État de New-York ; au total, il manquerait 12 milliards de dollars dans les caisses des éleveurs du pays, estime Arden Tewksbury dans PennLive. Dans le Wisconsin, 700 élevages ont mis la clé sous la porte en 2018, près de 10 % !

Et chacun y va de ses solutions pour aider ceux qui restent à passer le cap de cette crise et que personne ne voit s’achever pour le moment. Sauf à regarder dans les alternatives. Civil Eats se demande si la régulation ne serait pas une solution à moins que l’avenir passe par le lait cru ?

Toujours aux États-Unis, à la suite de l’Australie, les inondations ont aussi frappé le Nebraska, mettant à mal les élevages de bovins notamment et ce pourrait ne point être fini, 48 États pourraient connaître des inondations désastreuses d’ici au prochain moi de mai (quand reviendras-tu…). En Californie, les sénateurs se penchent sur la question des colorants alimentaires (sujet sur lequel l’Union européenne a déjà exprimé son opinion en 2008). Mais aussi, l’État de l’Iowa vient d’interdire aux journalistes d’entrer dans les abattoirs ou les élevages pour « protéger » les productions. Si si.

Difficile sinon d’échapper au Brexit, il se pourrait que l’asperge anglaise fasse une très mauvaise année, faute de main-d’œuvre prévient Reuters. Visiblement en plus, le Brexit n’est pas une première dans l’histoire, les Anglais ont déjà fait le coup. OK, c’était il y a un bail, mais les arguments avancés alors ressemblaient forts à ceux d’aujourd’hui, nous explique Rafael Ramos du quotidien catalan La Vanguardia. En Espagne il ne se passe pas une semaine sans que la presse reviennent sur la problématique de l’exode rural. El Economiste a publié en février un papier sur la question, qui lie l’absence de possibilité d’irrigation et le départ des populations. Toutes les provinces du centre du pays sont concernées.

En France, l’Assemblée a repoussé l’interdiction de produire des pesticides interdits mais vendables ailleurs. On parle aussi de plus en plus d’une évolution dans la doctrine du plan Loup avec le seuil des 500 animaux atteints, qui limiterait la portée de l’argument d’espèce en danger. On a aussi pu consulter ces derniers jours les premiers résultats du Réseau expérimental de systèmes de culture zéro-pesticides en Grande Culture et Polyculture-Elevage qui a mis à l’épreuve un système sans pesticides.

Enfin, si vous voulez voyager, prenez donc le chemin de la Mongolie avec cette étude sur les systèmes pastoraux du pays vingt ans après la fin du socialisme. À moins que vous préfériez tenter une aventure toute aussi exotique, vous rendre dans votre hypermarché chéri avec vos propres boîtes pour éviter de repartir avec des emballages inutiles ! Aventure assurée ! Et si jamais vous attendez à la caisse, embarquez donc le podcast de LSD de France Culture. Quatre émissions cette semaine consacrée à l’agriculture et surtout aux agriculteurs.




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